La Master class sur la fiction britannique

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Jeudi 27 et Vendredi 28 Mars 2014
Dans l’ amphithéâtre de l’INHA.

Jeudi 27 Mars 2014

Matinée:
– Sahar Baghery, International TV Research Manager, Médiamétrie/EurodataTV Worldwide
-Sue Vertue, Producer, Hartswood Films
– Alan Gasmer, Fondateur et Directeur de Alan Gasmer & Friends, société de production américaine.
– Frank Spotnitz, scénariste et producteur américain, créateur de la série X-Files
– Louise Mountain, Director of Fiction Strategy and Development, BBC Worldwide

Sahar Baghery,a entamé la première journée en nous proposant une analyse chiffrée de la production de fiction au Royaume Uni. La fiction à la télévision est un genre de plus en plus implanté. Au top du palmarès des pays les plus connus dans le lancement des séries se trouvent les Royaume Uni, le Pays Bas, la France, le Japon et les États-Unis. L’offre des séries locales en prime time est très élevée en Italie (66%), au Royaume Uni (67%) et en France (39%). Au Royaume Uni, 100% des séries les plus performantes, sont des séries originales dont 40% sont diffusées sur ITV.

Au Royaume Uni, en plus des grandes chaînes (BBC, ITV) les canaux dits « challengers »  tels que Channel 4 ou channel 5 (qui visent les jeunes) investissent de plus en plus dans la production des séries (Fresh Meat, Shamless, Utopia).

30% séries produites par les anglais sont policières. Chaque série est écrite par un auteur principal, leur qualité d’écriture et leur prodcution se sont accrues ces dernières années d’ou une frontière assez floue entre les séries et le cinéma. Les anglais se placent juste derrière les américains qui sont le leader dans l’exportation de série.

Enfin, information intéressante, 25% des séries diffusées en prime time au Danemark ont vu le jour au Royaume Uni.

Concernant la coproduction (qui vise un public plus large avec un cast international), les américains sont toujours les grand favoris des anglais. Il faut mentionner aussi d’autres pays co-producteurs, tel que la Pologne.

Le Royaume Uni est aussi un pays très novateur et tente de trouver de nouveaux business models en intégrant une stratégie digitale qui engage de plus en plus les téléspectateurs. Exemple avec le lancement de la série Sherlock en simultané à la télévision et sur mobile avec l’application Utopia (simulation d’un jeu de piste).

La série Bad Education a été lancée sur Internet une semaine avant son passage à la télévision. La diffusion sur Internet avant celle à la télévision ayant pour but de créer le buzz et tenter de renvoyer une partie du public sur la télé, un peu délaissée au dépend de la quantité de contenu vidéo accessible sur le Web.

Le partenariat avec les plates formes de VOD est une stratégie mise en place par les players: BBC a ainsi signé avec Hulu un accord qui permet au site VOD de mettre à disposition plus de 2000 programmes au service des vidéonautes. Les plates formes de VOD qui répondent aux attentes des “binge viewers” peuvent aussi être un recours idéal pour les séries mal accueillies par l’audience linéaire, tel est le sort de Ripper Street qui a trouvé de nouveaux spectateurs grâce à une mise en ligne dans sa totalité sur Amazon.

Pour la deuxième intervention de la journée, nous avons eu le plaisir d’écouter le scénariste Frank Spotnitz créateur, notamment, des séries X-files et Hunted et Alan Gasmer, producteur du succès Vikings.

Dans le cadre de cette Masterclass sur la fiction britannique, l’intervention de Frank Spotnitz était d’autant plus intéressante qu’elle était singulière. En effet ce dernier, originaire des États-Unis, a d’abord longtemps travaillé dans son pays natal avant d’arriver à Londres. C’est maintenant dans les bureaux de la BBC qu’il exerce son métier de scénariste, avec la série d’espionnage très anglaise Hunted.

fankLe scénariste et producteur américain Frank Spotnitz est connu pour
la série X-Files
.

 

C’est le principe du show runner, figure de proue de la réussite du système américain pour l’élaboration des séries. Ainsi, la globalité de la série est construite et pensée à plusieurs, sous le contrôle d’un scénariste permanent qui s’assure la continuité logique de l’histoire et l’évolution des personnages. Nous avons cependant été étonnés de savoir que ce système n’était pas un standard de travail au Royaume-Uni. Comme nous le confirmera l’intervenant suivant, Andrew Davis, toutes les méthodes de travail sont possibles pour l’écriture de séries.

Le point essentiel sur lequel Frank Spotniz a insisté est la nécessité pour tous les scénaristes de connaître en profondeur la nature du personnage ou des personnages principaux.

Tout comme Robert McKee, il a parlé de la capacité à faire naître, chez le spectateur, de l’empathie pour les personnages-clés. Cette donnée est vraie dans toute œuvre de fiction mais elle est d’autant plus importante lorsqu’il s’agit d’une série. L’histoire ne serait pas autant la clé pour réussir une bonne série, que ses personnages et la manière dont ils sont développés.

Après-midi:

Andrew Davis, Auteur et Scénariste anglais de films et de séries à portée mondiale (Bridget Jones, Mr Selfridge…).

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Il était accompagné d’Alan Gasmer (Fondateur et Directeur de Alan Gasmer & Friends, société de production américaine) et Robert Bookman (Agent d’auteurs et de réalisateurs chez Paradigm).

Andrew Davis est intervenu durant 3 heures dans un jeu de questions-réponses animé par Alan et Robert sur le métier d’auteur au UK.

Il a d’abord précisé son amour pour les livres de Jane Austin dont il en a adapté certains et notamment “Pride and Prejudice”, succès mondial, et en nous dévoilant qu’il y avait toujours dans ces livres une intrigue ou le rapport homme-femme est ambiguë.

Il est revenu sur l’excitation que lui a procuré l’écriture de Mr Selfridge et l’enthousiasme qu’il a eu quand il a vu le pilote.

Quand Andrew parle de son métier il insiste sur le pouvoir de la création, l’isolement pour écrire et les déjeuners (qu’il affectionne particulièrement) avec les producteurs, les chaînes (BBC, Itv et Channel 4) et autres personnes avec qu’il aura à collaborer. Il vit à une heure de Londres et préfère s’isoler pour écrire à la campagne que d’être dans les tumultes de la ville ou être présent sur les plateaux. Son rôle a lui c’est écrire des histoires, il est invité à tous les pilotes des séries qu’il écrit mais nous confie que cela l’ennuie.

Le réalisateur ou le producteur lui demande parfois son avis sur le casting mais il dit ne savoir que rarement qui conviendrait pour le rôle. Il eu cependant une fois un coup de coeur pour une actrice italienne que du fait de son accent donnait plus de profondeur à son personnage.

Andrew a livré quelques conseils aux jeunes auteurs, scénaristes, il faut raconter une histoire, bien travailler ces personnages et ne pas hésiter à les mettre dans toutes les situations pour s’assurer de leur cohérence et de leur présence.

Les scénarios d’Andrew viennent de son imaginaire ou de livres existants tel que Bridget Jones.

Il évoqua peu ses relations avec les producteurs ou les chaînes ainsi que les contrats d’auteur qu’il signait narguant que les chiffres ne l’intéressait pas et que seul son envie d’écrire comptait.

Cette première journée de Master Class nous aura donné un état des lieux précis du paysage télévisuel britannique et une analyse passionnante du développement des séries au Royaume Uni.