Chronique d’un week-end d’intégration sur l’île Sainte Marguerite

Comme chaque année depuis huit ans, les étudiants de la promotion quittent Paris le temps d’un week-end et foncent profiter des derniers rayons de soleil dans le sud de la France. Mais ce n’est pas parce que nous échouons sur une île quasi déserte (seul un riche Indien possède Le Grand Jardin) que nous allons farniente durant ces deux jours. Le week-end d’intégration est aussi une formation offerte, sous les cocotiers (plutôt des eucalyptus, mais bon) par le Master et c’est en mode Koh Lanta que nous nous apprêtions à surmonter les épreuves herculéennes qui allaient nous être données.

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Nous logeons dans une ancienne prison, celle de l’homme au masque de fer. Heureusement, notre petit Alcatraz français s’est depuis longtemps changé en chambre d’hôtes et en un musée de la marine. Cinq heures de train après notre départ de la gare de Lyon, nous voilà à Cannes, ville jusqu’alors inconnue pour la plupart d’entre nous  (la Croisette ? Connais pas !). L’île est à un jet de pierre du port et c’est après un court trajet en bateau  que nous arrivons dans notre éphémère demeure.

Nous y retrouvons notre cher directeur de promotion, M. Garçon, vieil habitué des lieux, ainsi que les différents intervenants avec qui nous travaillerons durant le week-end. Un empêchement de dernière minute nous prive de M. Vodkaster, alias M. Barthet, mais nous le reverrons à l’INHA la semaine suivante.

Viennent alors les présentations : Mehdi et Eric vont nous proposer diverses simulations et jeux de rôles pour nous préparer au monde impitoyable de la production. Quant à Ralph, il va nous pousser à mieux nous connaître au travers de divers exercices de théâtres et d’une courte pièce que nous devrons monter en deux jours, par groupe de quatre ou cinq.  Le tout fut épique.

Notre premier jeu en compagnie d’Eric et Mehdi se nomme « Le Pouvoir » : c’est une sorte de façon de nous étriper en moins d’une heure, ou de faire tourner toute une classe en bourrique pendant ce même laps de temps. Ne pouvant être plus claire à moins d’expliquer tout le jeu, je laisse aux soins des promotions suivantes d’en résoudre l’énigme, entre le groupe du « Haut », celui du « Milieu » et celui du « Bas ».  Nous enchaînons avec un jeu de réflexion et de rapidité, demandant une grande capacité d’adaptation à un certain nombre de contraintes données, un véritable défi digne des folies du Loup de Wall Street : construire une tour en Lego ! Et c’est plus ardu qu’il n’y paraît, croyez-moi.

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Les pauses elles-même furent mises à contribution et servirent de temps de négociation , puisque chacun d’entre nous s’était vu offrir un rôle (distributeur, acteur, réalisateur etc.) avec des objectifs précis à remplir. Le but étant de monter trois films différents proposés par ceux ayant été nommés producteurs, nous finîmes par marchander nos prix à cinq minutes de la fin du jeu. Une vraie leçon de pouvoir, d’offre et de demande.

Par ailleurs, quatre saynètes furent montées et présentées devant un public trié sur le volet le samedi soir. Dans une coïncidence révélatrice, toutes s’orientèrent vers la révolution et la manifestation (décidément, les Français sont un peuple de râleurs). La première d’entre elle, « Sale mime de merde! », fut un triomphe sans précédent, à l’humour digne des Nuls. Elle traitait d’une grève des mimes et de leur comparution en justice. La seconde, « L’automne ne passera pas! » mettait en scène un éminent professeur refusant l’arrivée de la dite saison. S’ensuivait alors argumentations et manifestations absurdes.

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Ne pouvant bénéficier d’entracte, ni même de loges, c’est avec une célérité toute naturelle que la troisième pièce s’ouvrit sur un « Coin Coin » retentissant ! Une « Palme d’or 94 » était hantée par un canard depuis la mort d’une de ses proches. Complètement hallucinée, la saynète eut vite faite de conquérir le public. L’ultime pièce, mais pas des moindres, dévoilait la révolution des légumes contre la domination humaine. Après s’être faits tripoter dans tous les sens, les pauvres plantes prirent conscience de leur état et se levèrent contre leur « géniteurs ». Le dernier espoir de l’humanité ne tient qu’en un petit bastion de l’île Sainte Marguerite, résistant encore et toujours à l’envahisseur.

Nous repartons finalement le lendemain, après débriefing, les yeux cernés de fatigue mais le coeur heureux. Et si nous n’avons pêché ni rascasse ni murène, c’est avec joie que nous avons pu faire trempette dans les eaux méditerranéennes et nous promener au milieu de la forêt recouvrant une bonne partie de l’île.

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Par Claire Lefranc.