[Revue de presse] Du 8 au 15 novembre 2018

Disney lance son service SVOD

Disney a annoncé vouloir lancer fin 2019 sa plateforme de streaming sous le nom de Disney+. Si la marque n’a pas annoncé la date officielle de démarrage de l’offre ainsi que le prix de l’abonnement, elle a dévoilé quelques pistes sur les contenus que Disney+ proposera.
Le studio souhaite exploiter toutes ses marques (Disney, Star Wars, Marvel, Pixar, National Geographic) à travers la diffusion de son catalogue et la création de contenus originaux. Pour cela Disney va développer ses franchises en créant des séries, notamment autour des personnages de Star Wars et de l’univers Marvel. Enfin, il a été annoncé que Disney + sera une plateforme à contenus familiaux, alors qu’à côté, le service Hulu permettra à Disney de diffuser ses contenus plus généralistes. La firme a également profité de l’occasion pour annoncer que Hulu serait lancé au printemps 2019 à l’international.
La guerre des contenus est déclarée. Sur les prochaines années le marché va accueillir de nombreuses nouvelles plateformes de SVOD liées à de grosse société comme Disney, disposant d’un large catalogue et d’une grand capacité de production. Nous arrivons à un système en silo où le diffuseur est également producteur de ses propres contenus. Cette nouvelle est également importante car elle annonce le lancement d’Hulu à l’international : la bataille des contenus ne se fait pas qu’aux Etats-Unis, mais à travers toutes les régions du monde. Il faudra surveiller les conséquences de l’arrivée de Disney + et d’Hulu sur le marché français.

 

Canal + a finalement renouvelé ses accords avec le cinéma français

Canal+, qui avait rompu le 19 octobre les négociations avec les 23 organisations du cinéma français, a finalement paraphé mardi 6 novembre, les accords qui le lieront jusqu’à la fin 2022. Le groupe de télévision payante continue d’investir fortement dans le cinéma. Ses offres d’abonnement se sont récemment diversifiées pour faire face à la fuite des abonnées, notamment consécutive à la perte des droits de diffusion de la Ligue 1 du championnat de football, et pour ça, une « décote » encadrée de l’abonné. Avec cette « décote » applicable à partir du 1er janvier 2019, le minimum garanti par abonné ne pourrait pas être inférieur à 2,41 €. StudioCanal pourra produire quatre films par an en délégué ou co-délégué, avec l’idée de collaborer de manière équitable avec des producteurs indépendants et intégrés. D’autre part, les investissements de Canal+ dans le cinéma français et européen seront plafonnés à 180 millions d’euros par an.

 

Une nouvelle chronologie des médias

La diffusion en DVD sera avancée à 3 mois au lieu de 4 pour les films qui ont réalisé moins de 100 000 entrées lors de leurs quatre premières semaines en salles. Canal+ y gagne et pourra programmer des longs-métrages entre 6 et 8 mois après leur sortie contre 10 à 12 mois aujourd’hui. Netflix ou Amazon Prime, qui doivent patienter 3 ans, diffuseront des films 15 à 17 mois après leur premier jour en salles, à condition de s’engager à investir dans la production. Sans quoi, ces sociétés garderont le même régime.

 

Médiamétrie lance « Global SVOD », un dispositif comprenant une étude bi-annuelle et des tops mensuels des programmes les plus consommés

Cette nouvelle étude, dont les 1ers résultats seront publiés en janvier 2019, repose sur 3 piliers :

  • Les volumétries de la SVoD : Cadrage de la pratique avec le nombre d’utilisateurs, leurs profils, la durée d’écoute, les moments d’écoute et la mise en perspective de la consommation de la SVoD avec celle de la TV en live et en replay.
  • Les comportements à l’égard de la SVoD : Vue d’ensemble sur l’usage par le public de la vidéo par abonnement : notoriété et utilisation des plateformes, motivations, intentions d’abonnement, satisfaction, fonctionnalités préférées, partage de comptes, etc.
  • L’audience mensuelle des contenus SVoD : Tous les mois, les palmarès des programmes les plus regardés sur ordinateur et smartphone seront accessibles aux souscripteurs : ces tops seront disponibles au global, par plateforme, par genre et par profil.

Il s’agit d’une nouvelle importante puisque la SVOD est enfin considérée au même niveau que les chaînes de TV et comme un acteur important dans l’audiovisuel qui prend de plus en plus d’ampleur.

 

Netflix accepte de sortir trois de ses films au cinéma en avant-première

Pour la première fois, la plate-forme vidéo américaine va sortir 3 de ses longs-métrages sur grand écran avant de les proposer à ses 140 millions d’abonnés :

  • Roma, Alfonso Cuarón
  • The Ballad of Buster Scruggs, Frères Ethan et Joel Coen
  • Bird Box, Susanne Bier (avec Sandra Bullock en tête d’affiche)

Il faut savoir que plusieurs films produits par Netflix ont déjà été projetés dans des cinémas indépendants américains mais jusqu’à présent, la société exigeait que leur sortie ait lieu le même jour que leur diffusion sur sa plate-forme (ce qui était inacceptable pour les grandes chaînes de salles de cinéma, qui réclament une fenêtre d’exclusivité de 90 jours).

Ceci pourrait permettre à Netflix de décrocher des récompenses et plus précisément des Oscar en février 2019 (Roma est un prétendant sérieux), ce qui serait une grande première, et donc d’attirer de nouveaux grands noms du cinéma.
Ainsi, le géant américain risque de devenir le plus puissant acteur de l’audiovisuel : il domine le marché du très petit écran, rachète de nouveaux studios pour produire davantage de films et arrive dans les salles.

 

Le marché de la vidéo à l’acte (physique et dématérialisée) poursuit sa décroissance 

Le CNC a publié le baromètre CNC-GFK de la vidéo physique pour les 9 premiers mois de 2018. Les chiffres des 9 premiers mois font état d’un repli du chiffre d’affaires des ventes de DVD et de Blu Ray de 13,8%. Cette évolution s’explique par la baisse de 15,6 % des revenus issus de la vente de DVD et par celle de -8,8 % à 84,30 M€ du Blu-ray. De septembre 2017 à septembre 2018, la vente physique a généré 490 millions d’euros.
En parallèle, le marché de la VOD est en repli, il est en baisse de 13,5% par rapport à l’année dernière.

Le financement du cinéma repose également sur la capacité à monétiser les films après leur diffusion en salle. La vente à l’acte physique ou dématérialisée font parties de ces moyens. La décroissance de ce marché signifie donc moins d’argent pour le cinéma. D’autant plus que la nouvelle chronologie des médias risque d’impacter encore plus à la baisse ce marché. La chronologie actuelle offre une fenêtre d’exclusivité de 6 mois au DVD avant l’ouverture de la première fenêtre de télévision payante. Avec la nouvelle chronologie telle qu’elle devrait s’appliquer, le DVD va perdre jusqu’à 3 mois d’exclusivité – ce qui risque d’impacter les ventes. Le marché de la VOD risque également d’être impacté, notamment si la fenêtre de diffusion en Replay est étendue : plus longtemps un film sera diffusé en replay, moins il sera attractif en VOD.

 

La taxe vidéo va rapporter plus 

Initialement, cette taxe a été créée en 1993 et s’appliquait sur la vente physique (VHS/DVD). En 2004, la taxe a été élargie aux sites français payants de vidéo à la demande. En 2013, le Parlement français a étendu la taxe aux plateformes de vidéos payantes installées à l’étranger sur leur chiffre d’affaires réalisé en France grâce à leurs abonnés. En 2016, une nouvelle extension a été votée par le Parlement pour toutes les plateformes composées majoritairement de vidéos gratuites, qu’elles soient établies en France ou à l’étranger. Elle porte dans ce cas sur les revenus publicitaires de ces plateformes.
Le montant de cette « taxe vidéo » est de 2%, et il est affectée au Centre national du cinéma et de l’image animée pour financer le soutien à la création.
Il était prévu que cette taxe rapporte 2 millions d’euros, elle rapportera finalement 7 millions d’euros. Cet écart entre le montant réel et le montant prévu est dû à la forte croissance de Netflix.

C’est la première année que la taxe s’applique à toutes les plateformes de vidéos, payantes ou gratuites, qu’elles soient établies en France ou à l’étranger. On pointe souvent du doigt les plateformes de SVOD pour leur capacité à éviter toute sorte d’impôt et donc de fausser la concurrence, cette fois-ci Bercy semble avoir trouvé une parade pour la première fois. Cette capacité d’imposer tous les acteurs du marché est primordiale car la croissance de la SVOD s’accompagne d’une baisse des ventes physiques. C’est donc, au fond, la question du financement du CNC qui se pose à travers cette taxe.

 

Collaboration contre les contenus haineux : Facebook va travailler avec l’Etat français 

Facebook « accueillera prochainement une délégation de régulateurs français » (composée d’une poignée de fonctionnaires, issus de différentes agences de l’Etat ou ministères, comme l’Arcep ou le ministère de la Justice), qui « auront pour mission, avec les experts » de Facebook de « faire des recommandations sur la lutte contre les contenus haineux et offensifs » et réguler les procédures que doivent mettre en place les réseaux sociaux pour les identifier et les filtrer.

Le groupe d’expert cherchera des idées pour réguler non sur les contenus haineux eux-même, qui sont très difficiles à caractériser légalement, mais plutôt sur les procédures que doivent mettre en place les réseaux sociaux pour les identifier et les filtrer.

Il faut savoir que les discussions sur un code international de bonne conduite sur internet est au point mort depuis 2017 et que aujourd’hui sur Facebook il y a beaucoup de défaillances de leur modération : seulement 9% des propos liés au « harcèlement ou à de l’incitation à la haine envers un genre/orientation sexuelle » ont disparu du réseau social et les « contenus offensants ou haineux » n’ont jamais été supprimés.

 

Brut se lance en Chine 

Après avoir levé 10 millions d’euros en juin, Brut, le média français spécialisé dans les vidéos que les jeunes gens se partagent sur les réseaux sociaux, se lance en Chine.

Sa cible sont les Millenials chinois et ses vidéos seront diffusés sur les plates-formes Toutiao, Weibo, Youku entre autres. Ses vidéos (environ 25 par jour), sont fabriquées par une centaine de personnes à Paris et à New York.

Il faut savoir que la génération de Millennials en Chine représente 400 millions d’habitants, c’est à dire plus que la population en âge de travailler des États-Unis et de l’Europe réunis.

 

Par Julie De Valmont, Luisa Achury et Arthur Carbonnaux.