[DMC Rencontre] Saïd Ben Saïd, producteur président de SBS

Le 05 janvier, les élèves du DMC ont eu l’honneur de recevoir le producteur franco-tunisien Saïd Ben Saïd, président de la société de production SBS Production. Il leur a d’abord fait part de son parcours atypique. 

En effet, Saïd Ben Saïd ne s’était d’abord pas destiné à la production cinématographique puisqu’il a étudié à l’ESTP. Il a débuté sa vie professionnelle comme ingénieur à la Lyonnaise des eaux. Entre temps, sa cinéphilie s’est consolidée et il a voulu la prolonger par son métier et c’est pourquoi il a décidé de travailler pour M6 aux acquisitions. Il rejoint UGC en 1996, en passant chez Polydor avant de retourner chez UGC. Pendant 12 ans chez UGC, il a joui d’une grande liberté tout en participant grandement à la gestion des financements des films. Ainsi, il put produire des films d’André Téchiné, de Barbet Schroeder, de Pascal Bonitzer ou encore d’Alain Corneau. 

Après avoir fait ses armes dans cette entreprise qui lui a permis d’acquérir la polyvalence nécessaire au métier de producteur, il fonde SDS Productions en 2010 par désir d’indépendance. Ce qui l’a séduit dans cette expérience indépendante, c’est d’une part la possibilité de nourrir ses ambitions esthétiques et de travailler avec de grands auteurs. D’autre part, il a pu se développer grâce à la coproduction à l’étranger, dérivant des stratégies de financements établies en France dans les années 2000. Retracer ses premières expériences de coproduction internationale a notamment permis à Saïd Ben Saïd de revenir sur sa collaboration avec Roman Polanski, qui désirait adapter la pièce de Yasmina Reza. Il a aussi fait part de son travail avec De Palma, Cronenberg ou encore Verhoeven qui a accepté, grâce à SBS Production, de réaliser un film en France. Selon ses dires, « le producteur est là pour aider un réalisateur à trouver sa voie ». Il a, en tous cas, trouvé la sienne, étant adepte de projets portant une signification polysémique, jamais close sur elle-même ni édifiante. Il s’oppose ainsi à produire des films militants ou des œuvres à messages. 

Dans un second temps, Saïd Ben Saïd et les étudiants ont pu débattre à propos des mutations de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma. D’abord, il est ressorti de ces discussions que les séries, tenant d’une logique industrielle et numéraire, pouvaient parfois se révéler singulières et originales. On peut par exemple citer les séries réalisées par David Linch, Twin Peaks, ou par Nick Pizzolatto, True Detective. Ainsi, les séries, loin d’être une forme à mésestimer, apparaissent comme un créneau intéressant lorsqu’elles sont qualitativement produites et réalisées. Ensuite, nous sommes revenus sur le désir de mener politique culturelle, besoin commun à l’ensemble de la profession audiovisuelle et cinématographique. Le cinéma est un art mis en avant, certes, mais il ne faudrait pas oublier l’autre versant qu’il représente, à savoir l’industrie. Toutes les dimensions sont à prendre en compte par les institutions politiques françaises, comme la pédagogie, la culture, l’économie et l’esthétisme que représente le 7e art. 

Les élèves du DMC tiennent encore une fois à remercier Saïd Ben Saïd pour son intervention, riche de conseils et d’avenir.