Jeudi 9 octobre, dans le cadre du séminaire organisé par Jean-Pierre Dusséaux « Le spectacle vivant partenaire de la télévision », nous avons eu l’honneur et le plaisir d’accueillir le patron du monde de la chanson : Jean-Claude Camus. Directeur de théâtre, promoteur de spectacles et ancien agent de Johnny Hallyday et de Michel Sardou, sa réputation n’est plus à faire. Fortement médiatisé, proche des hommes politiques (il obtient personnellement de Balladur la baisse de la TVA pour les spectacles de variété à 2,1%), il est tour à tour officier des arts et des lettres, président du fond de soutien arts et spectacles et président du syndicat des producteurs de spectacle.
Entre récit d’anecdotes et profession de bons conseils : « il faut savoir saisir la chance et les opportunités car tout est affaire de circonstance », celui qui avoue « sans prétentions, [qu’il est] le Patriarche » nous fit le panorama d’une carrière de plus de 50 ans, haute en rebondissements. Nous découvrîmes ainsi ses débuts modestes (autodidacte, il passe deux nuits gare de Lyon à son arrivée à Paris) à son ascension aux côtés des grands noms de la chanson et du spectacle.
Lorsqu’il commence à organiser ses premiers bals sous chapiteaux au début des années 60, le métier de promoteur n’existe pas. Il s’impose dès lors dans le métier et devient celui qui, quelques dizaines d’années plus tard, organise les concerts et tournées des plus grands : de Johnny Hallyday à Barbara en passant par Michael Jackson et Bob Marley.
A plusieurs reprises durant son intervention, M. Camus revient sur la position du producteur de spectacle, sur le rôle qu’il a pu tenir auprès d’artistes (notamment de Johnny Hallyday qu’il accompagne pendant plus de 35 ans) et précise que le métier a depuis basculé : « on ouvre les portes aux avances et on ne s’occupe plus de la carrière, peu d’artistes s’installent, tout est affaire d’argent ».
Cherchant avant tout à nous dépeindre la réalité d’un métier qui peut souvent faire rêver, il évoque autant ses réussites que ses échecs. Pour ce faire, il revient longuement sur son travail avec Johnny Hallyday, du concert catastrophe de Las Vegas au Stade de France en passant par le Champ de Mars. Par soucis de transparence, il va jusqu’à nous dévoiler les chiffres et budgets de certains concerts du rockeur français (trois millions d’euros et un an et demi de travail pour les quatre concerts du Stade de France) et nous explique alors que le producteur doit être présent avant, pendant et après les spectacles. Ses missions sont aussi diverses que variées et peuvent l’amener jusqu’à la gestion de foules mécontentes après un concert annulé pour cause de trombes de pluie (premier concert d’un chanteur français au Stade de France).
Animé par sa passion des arts du spectacle, M. Camus se passionne pour les théâtres au début des années 2000 et achète le théâtre de la Porte Saint Martin. Longuement, il nous explique la dure réalité du monde des arts vivants (il est difficile de faire des bénéfices) et nous précise qu’être propriétaire d’un théâtre est quasi nécessaire de nos jours pour produire et monter des pièces.
Aujourd’hui également directeur du théâtre de la Madeleine et du théâtre du Petit Saint-Martin, il a produit de nombreuses pièces, one man shows ainsi que des comédies musicales, et a travaillé avec certains des plus grands metteurs en scènes français (notamment Francis Veber).
L’intervention touchant à sa fin, Jean-Claude Camus a tout de même pris le temps d’évoquer certains de ses nombreux projets à venir. La retraite attendra. En tout juste deux heures de son temps, Jean-Claude Camus a su nous transmettre son réel enthousiasme pour la création sous toutes ses formes et nous le remercions vivement de cette belle leçon de vie.
Par Pauline Matter.